Sur la nationale, en venant de Bafoussam (à une dizaine de kilomètres seulement de la ville, en direction de Yaoundé), la route de la chefferie de Bandjoun (qui signifie " peuple qui achète ") part sur la droite à hauteur d'un petit abri en bois. Elle est sinueuse et progresse au milieu de quelques plantations de bananes. Après une dizaine de minutes, vous arrivez dans l'une des plus grandes chefferies du Cameroun, fondée dans la seconde moitié du XVIIe siècle par un célèbre chasseur venu d'un village voisin où il n'avait pas pu prendre le pouvoir. La coutume veut que le chef hérite de tout ce que laissent ses ancêtres, notamment ses femmes et ses enfants ; il faut donc rassembler toute cette grande famille et travailler à préserver l'unité du peuple. Le chef a actuellement plus de 60 femmes, ce qui représente 3 générations, depuis le grand-père. Il vit au sein de la chefferie, bien sûr, mais passe une grande partie de son temps en déplacement à Yaoundé, auprès des instances politiques du pays, dans lesquelles il joue un rôle non négligeable. À l'intérieur du village, le palais est conçu par les élites pour les fêtes et les réceptions. En face, la grande case du peuple bandjoun, décorée de sculptures, est utilisée pour des conférences et le conseil des sages. Elle est constituée de bambous, attachés par de solides cordes de raphia. Le plafond est quant à lui maintenu par des piliers sculptés et symbolisant les pères et les ancêtres, chaque pilier offrant une représentation traditionnelle (danse des guerriers, danse des nobles, personnages importants de la vie de la chefferie...). En décembre, a lieu la plus grande fête bandjoun, un grand moment de rencontre des familles puisque toutes celles qui se trouvent à l'extérieur reviennent au village à cette occasion. Lors des conseils, devant le palais de justice, on dépose le trône du chef sur une peau de lion qui représente sa puissance. Assisté par des ministres, le chef règle alors les problèmes de terres et de successions. La chefferie se situe sur un plan incliné, du haut vers le bas. Le chef réside en bas, et quand il y a un problème, tout le monde descend à la chefferie. Tout en bas, la forêt sacrée est un lieu de rites, de réunions, d'initiations. Toutes les chefferies de la région ont les mêmes traditions parce qu'elles sont fondées soit par des frères, soit par des princes, sur les mêmes bases que leurs ancêtres. Et, comme dans le cas de Bandjoun, ceux qui n'ont pas eu le pouvoir vont voir ailleurs pour occuper une terre qu'ils peuvent gouverner.

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