Période :

Fête traditionnelle biénnale les années paires qui se déroule généralement la première quinzaine de décembre. Les festivités durent une semaine mais les cérémonies importantes se déroulent du vendredi après midi au dimanche midi (voir agenda du blog)

Généralités :

Évènement permanent chez les Bamoun depuis la fondation de leur Royaume en 1384, l’histoire rapporte que la fête du Nguon a souffert d’un passage à vide au XXème siècle. En effet les autorités coloniales françaises ont interdit sa célébration à partir de 1924, sous le règne du célèbre Roi NJOYA, 17ème souverain du Peuple Bamoun.

Sous embargo depuis lors et menacé de disparition, le Nguon a refait surface deux décennies plus tard sous le règne du Roi Seidou NJIMOLUH qui en a convoqué les assises à quatre reprises :

en 1958, à la faveur de l’inauguration de la grande mosquée de Foumban ;

en 1963 pour fêter ses trente ans de trône ;

en 1976 pour accompagner les premières Journées Culturelles et Économiques du Peuple Bamoun ;

en 1985 pour marquer le cinquantenaire de son règne et le centenaire de la naissance du Roi NJOYA célébrés simultanément avec l’inauguration du Palais Royal de Foumban rénové.

Un an après son accession au trône le 10 Août 1992, le Roi MBOMBO NJOYA a organisé les assises du Nguon pour la première fois du 27 Juillet au 10 Août 1993. Cet événement inédit a rythmé le premier anniversaire de son règne et consacré le retour en zone de l’assemblée traditionnelle et culturelle du Peuple Bamoun.

L’année suivante, en 1994, la réapparition du Nguon s’est confirmée. L’événement est organisé du 16 au 18 décembre et placé sous le signe des 600 ans d’histoire du Royaume Bamoun. A cette occasion Sa Majesté Ibrahim MBOMBO NJOYA décide avec son peuple que la fête du Nguon qui a repris droit de cité se célébrera désormais tous les deux ans. Une périodicité jusque là respectée a travers des rendez-vous qui ont gagné en ampleur d’une édition à l’autre. En 2010 ce sont déroulés les 543èmefêtes du Nguon.

La vidéo suivante vous donne un aperçu de la 542ème cérémonie de 2008

Image de prévisualisation YouTube

Pour les généralités sur le sultanat de Foumban, lire l’article suivant.

Déroulement :

Le vendredi soir :

Au début de la célébration, toutes les lumières (intérieures et extérieures) du palais du roi Bamoun sont éteintes. Dans l’obscurité totale, les possesseurs du nguon (société secrète) font leurs entrée dans la cour du palais en jouant au tambours a friction qui produisent un son fort et particulier. Une sensation mystique envahit l’espace au moment de leur entrée dans une salle à l’intérieur du palais. Les lumières ne sont allumées qu’après l’entrée du dernier possesseur du nguon dans la salle.

A minuit le roi rend visite aux possesseurs du nguon. Ils l’entretiennent des griefs du peuple Bamoun dont l’annonce publique sera faite le lendemain matin. Après le briefing, ils passent la nuit au palais en jouant a leurs instruments et dansant.

Le samedi :

Le matin les possesseurs du nguon commencent par faire le tour du palais. Ils visitent les résidences des reines demandant l’aumône. Ils se rendent ensuite a la cour principale du palais pour participer a la cérémonie rituelle du sha’pam. Pendant le sha’pam, les fons nguon (chefs du nguon) apportent chacun au roi un sac qui contient des mélanges d’écorces et autres qui ont des pouvoirs mystiques. A tour de rôle, le roi retire du sac de chaque chef ses mélanges et les met dans son propre sac. Pour l’aider a gouverner comme il se doit le royaume.

Lorsque le sha’pam est terminé, le roi sort du palais avec tous les insignes et attributs royaux. Il se rend a pied a la cour du nja ou il est face au peuple. A ce moment précis, le roi et tous les habitants du royaume sont des citoyens avec des droits démocratiques égaux, et pour cette raison, le roi est debout et dépourvu de son trône. Alors, deux membres de la société secrète mut-ngu dénommes pa-nda mut-ngu (porteurs des lances de la justice, couvert et voiles de la tête jusqu’aux chevilles avec un tissu léger) plantent leurs lances (dénommées ku-mut-ngu) autour du roi, donnant symboliquement l’assurance que le roi sera juge avec équité. Le peuple, qui a patiemment attendu depuis deux ans, égrène avec empressement ses griefs et formule toute critique qu’il juge nécessaire a l’encontre du roi, de son entourage et sur sa manière de gouverner le royaume. Le roi doit donner des réponses directes a leurs critiques et faire des promesses de solution a leurs problèmes. C’est seulement lorsque le peuple aura manifestée sa satisfaction par rapport aux réponses du roi, que les possesseurs du nguon l’autorisent a se réinstaller sur le trône. Un mouton est sacrifie dans le but de rendre un fervent hommage aux ancêtres. Cet acte marque la fin des cérémonies rituelles de la journée. En début d’après-midi, le roi visite les stands d’exposition des artistes des artisans, des planteurs, des communautés bamoums de l’hexagone, etc. La soirée se poursuit par plusieurs activités festives.

Dimanche :

Vers 4h00 du matin le tambour nkindi (tambour de 3,55m de long ; 1,17m de hauteur ; 1,3m de diamètre) résonne pour annoncer au peuple Bamoun qu’il est temps de se rendre à la cour du nja. Le peuple et l’armée royale revêtent immédiatement leurs tenues de guerre et se dirigent vers la cour du nja pour attendre le roi. Cette coutume est connue sous le nom de fit nkindi.

Vers 5h00 du matin, le roi et son entourage se rendent à la cour du nja pour retrouver les guerriers. Le roi et sa suite escortent les guerriers jusqu’aux limites de la ville de Foumban, envoyant ainsi symboliquement les guerriers au champ de bataille. Cette cérémonie, dénommée sho’melue, est exécutée en mémoire du grand guerrier Bamoun, le roi Mbouombouo, 11ème roi de la dynastie Bamoun.

Environ trois heures de temps après, le roi et son entourage et les guerriers retournent a la cour du nja en exécutant des chants de victoire, avec en main des lances au bout desquelles sont enlacées des branches de la plante nkunku, qui est le symbole de la paix dans la culture Bamoun. Le nkunku enlace sur le fer de lance représenté symboliquement les têtes des ennemis vaincus. Dans la cour du nja le roi et le reste de la population vivent une simulation des actes de victoire. Les guerriers exécutent la danse de victoire dénommée ngu qui clôture les manifestations du nguon.

Conseils :

Fête incontournable à laquelle il faut absolument participer pour mieux comprendre la culture Bamoun, le Nguon est largement ouvert aux invités.

Pour y participer, il suffit d’obtenir une invitation (gratuite) auprès du comité d’organisation du Nguon. Elle vous permettra d’accéder aux tribunes érigées dans la cour du Nja en vous permettant de bien observer les cérémonies rituelles. Attention aux arnaques assez fréquentes à cette période car certains essayent de monnayer de fausses invitations. Sans invitation ou laisser passer, il est impossible d’accéder à la cour du Nja, donc d’assister aux cérémonies.

Pour l’hébergement, quelques hôtels existent dans la région mais il est conseillé de réserver assez tôt pour obtenir les quelques places disponibles. L’autre solution consiste à vivre chez l’habitant en fonction des connaissances que vous pouvez avoir. La deuxième solution est beaucoup plus intéressante car elle permet de vivre véritablement les festivités.

A signaler que malgré la foule, assez nombreuse, le peuple Bamoun fait preuve d’une très grande hospitalité à l’occasion du Nguon. C’est la matinée du dimanche qui reste la plus haute en couleurs avec la marche des guerriers. A cette occasion, il vaut mieux éviter de rentrer dans la foule avec des jeunes enfants car les mouvements de foules sont souvent imprévisibles compte tenu de la ferveur de la population qui veut absolument voir et toucher le Sultan lors de la marche. Le trajet aller retour du palais à la porte de la ville fait environ 5 km réalisé en 3 heures.

CONNECT WITH US | twitter | facebook | email | map